Expérience de spectatrice au cinéma. Sur Magdala, de Damien Manivel (2022)

Sypnosis Depuis la mort de Jésus, Marie-Madeleine s’est retirée hors du monde. Ses cheveux sont devenus blancs, elle se nourrit de baies, boit l'eau de la pluie et dort parmi les arbres. Seule au cœur de la forêt, elle se souvient de son amour perdu. Elle cherche un chemin pour le retrouver. Magdala ne m’a…

Quelques propos sur Où est la maison de mon ami ?

Je rechigne toujours à parler des films qui me tiennent à cœur, sans doute par peur d’épuiser leur richesse et de les enfermer à jamais dans une signification. Ce que j’aime au cinéma, c’est que les images rencontrent directement ceux et celles qui les voient. Elles se dispensent avec nonchalance des mots qu’on utilise pour…

Le Patron du Yanagiya de Yoshiharu Tsuge (1970) – Quelque chose noir

Paru en 1970, le Patron du Yanagiya signe la dernière collaboration entre le mythique magazine Garo et son auteur phare Yoshiharu Tsuge. C’est aussi la fin d’une période cruciale pour ce dernier. Après des débuts difficiles, puis la notoriété soudaine avec la Vis – nouvelle qui a bouleversé le monde culturel de son époque –,…

Non humain, trop humain (partie 2). Sur les histoires courtes d’Haruko Ichikawa (2011)

Après un article introductif où j'ai abordé deux nouvelles importantes du premier volume, je vais à présent évoquer dans cette seconde partie les histoires restantes, toujours en essayant de tisser des liens entre elles. Centrés autour d’un lien fraternel construit, les nouvelles « The Kusaka Siblings » et « A Lunar Funeral », bien que très différents, ont un…

Non humain, trop humain (partie 1). Sur les histoires courtes d’Haruko Ichikawa (2011)

Le moins que l’on puisse dire est que l’entrée d’Haruko Ichikawa dans le monde du manga a été magistrale. Inconnue jusque là du grand public, l’autrice de l’Ère des cristaux s’est fait remarquer grâce à ses nouvelles parues d’abord dans des magazines entre 2006 et 2011, avant d’être compilées ensuite en deux volumes. Ce premier…

La Lévitation des corps. Sur le film Locataires (빈집) de Kim Ki-duk (2004)

A R. Barthes Un homme colle des prospectus sur les portes des logements pour savoir s’ils sont occupés. Quand il n’y a personne, il y pénètre pour y vivre temporairement. Un jour, il s’introduit dans une riche demeure et est pris en flagrant délit par une femme violentée par son mari. Pour échapper à sa…

Digression épistolaire. Sur Profession : Reporter de Michelangelo Antonioni (1976)

Très chère Maria. Je vous écris car j’ai beaucoup pensé à vous ces derniers mois. C’est comme si vous ne cessiez de me poursuivre, pénétrant ma réalité. Il y a peu d’êtres auxquels je pense vraiment. Penser à quelqu’un, ou plutôt que la pensée de cette personne s’impose à vous, ce ne peut signifier qu’une…

La Vie dans les plis. Sur le manga Dans un recoin de ce monde, de Fumiyo Kouno (2006)

« Raconterai-je un jour votre modeste vie ? Je voudrais que, dans mon récit, cette humilité resplendisse, comme elle resplendira devant Dieu le jour où seront abaissés les puissants, où seront magnifiés les humbles. Je ne me suis jamais senti grand goût pour portraire les triomphants et les glorieux de ce monde, mais bien ceux…

Métaphysique du café. Analyse d’une scène de Deux ou trois choses que je sais d’elle de Jean-Luc Godard (1967)

Deux ou trois choses que je sais d'elle est un film de Jean-Luc Godard. A l'origine, le film est censé être une adaptation de la nouvelle le Signe de Maupassant. Mais Godard, tombant un jour sur une enquête de Catherine Vinemet dans le Nouvel Observateur sur les femmes qui se prostituent dans les grands ensembles,…

Le secret du geste. Les Enfants d’Isadora, Damien Manivel (2019)

Le dernier film de Damien Manivel, les Enfants d’Isadora, est comme enveloppé d’un halo de lumière. Il est si doux, si épuré, si délicat, que l’on ne peut que s’émerveiller qu’un tel cinéma existe encore : un film où l’intensité des émotions qu’il procure – qu’il m’a procuré – est en parfait contraste avec sa…